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22 May

Marion Robert - peintre

Publié par Jacky Essirard

Marion Robert - peintre

Marion Robert

Parmi ses premières œuvres, Marion Robert faisait la part belle aux paysages. Elle peignait et dessinait des corps mais ceux-ci restaient dans le mouvement expressionniste traditionnel et n’avaient pas acquis leur personnalité d’aujourd’hui. Depuis 2013, l’artiste met en scène des personnages de telle manière qu’on ne sait si ceux-ci sont les sujets des peintures ou bien des signes permettant aux spectateurs pressés une lecture rapide et bien sûr incomplète. Ceux qui cherchent à élucider ce qu’ils regardent, ressentent devant les toiles de Marion Robert le besoin de quitter les chemins convenus et de s’en remettre à l’exubérance des couleurs, des formes et des lignes. Ils entrent dans un espace où la réalité mise en question cède la place à un chaos organisé.

La peinture de Marion Robert joue de l’ambivalence. Elle se situe entre le figuratif et l’abstraction. L’ensemble paraît parfois violent : sentiment provoqué par l’usage de teintes saturées et des poses décalées des personnages. Mais des lignes construisent et suggèrent des images qui rassurent.

Une forte impression de liberté se dégage des tableaux de cette jeune artiste qui travaille beaucoup les transparences et les contrastes. Des zones sombres posées comme des pendants aux éclats de lumière, des lignes suggérant des silhouettes, des visages indistincts, un fauteuil, une chaise : l’œuvre tourne autour de réminiscences et de tableaux que nous pourrions avoir déjà vus. La singularité de Marion Robert réside dans la fragmentation et le chevauchement des couleurs qui nous font perdre nos repères. Elle met en scène un monde étrange sans pour autant nous en donner toutes les clefs. Les personnages énigmatiques, les semblants d’étoffes, les indices ne sont là que pour retenir le regard et mieux le duper. Nous croyons être dans une réalité alors qu’elle nous entraîne dans un monde d’illusion.

Les compositions souvent classiques – on pense à des portraits de famille – révèlent les intentions du peintre : pratiquer l’expressionnisme abstrait sans succomber à la tentation d’abuser de ses systèmes. La peinture jaillit, fluide, elle ne semble s’intéresser qu’à elle-même. Pas d’esquisse ni de programme. A la fin, les personnages, seuls ou en groupe, sont installés dans un espace qui paraît se concrétiser autour d’eux. Ils apparaissent mais se dérobent aussitôt. Nous croyons les saisir, pouvoir expliquer leur présence, ils se sont déjà transformés, partis ailleurs en emportant nos tentatives d’éclaircissement. Car ces portraits, ces corps et les interventions sensées donner une explication, ne sont pas préexistants, ils viennent soutenir le tableau de leur présence. Nous découvrons alors des paysages oniriques qui mêlent les figures et le fond, qui réconcilient l’humanité avec une nature sublimée, saturée de vibrations. Nous avons devant les yeux des images de jardins et des massifs de fleurs, des explosions colorées qui expriment toute la jouissance de la création.

Il y a une belle élégance dans ce laisser-aller apparent qui nait sans contrainte ni projet. Marion Robert a le génie de la couleur et de la composition. La spontanéité cache une technique parfaitement maîtrisée qui n’entrave plus la liberté de l’artiste. Nul doute qu’elle a trouvé son domaine, mariant subtilement dans ses tableaux/paysages l’ordre et la confusion, et en y inscrivant en filigrane une humanité chargée de les accommoder. J. Essirard - Mai 2016

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